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UN MURILLO

C’est ce que nous saurons bientôt.

En attendant, contentons-nous de constater que son regard s’arrête aussi de temps en temps, avec une expression triomphante, à quelques papiers épars sur une petite table adossée à la cloison, et profitons du privilège des conteurs pour nous renseigner sur ce que ces papiers peuvent avoir d’intéressant.

Voici d’abord une enveloppe dont le cachet est brisé.

Elle a dû faire un long voyage, car elle est frappée d’un timbre canadien, et porte comme suscription :

Monsieur Maurice Flavigny, Artiste-peintre,
9 bis, rue Jacob, à Paris, France.


Ouvrons et lisons :

Contrecœur, 10 novembre 1872.

« Mon cher fils, — Un mot à la hâte pour te dire combien ta dernière lettre m’a donné de bonheur en m’annonçant ton prochain retour au pays. Hâte-toi, cher enfant. Hélas ! je ne pourrai pas te voir, mais je t’entendrai, et je te presserai comme autrefois sur mon cœur de mère.

« Je suis encore l’hôte de Mlle d’Aubray — ma petite Suzanne que j’aime toujours comme ma fille, et qui me sert de secrétaire depuis que Dieu m’a privée de la vue. Viens vite, n’est-ce pas ? Tâche de nous arriver pour Noël !

« Ta vieille mère qui brûle de t’embrasser,

« Sophie Flavigny. »