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UN MURILLO
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Quand elle releva la tête pour faire le signe de la croix, un léger cri lui échappa, et on la vit chanceler.

D’un bond Maurice Flavigny fut près d’elle et la soutint dans ses bras.

Quelques minutes après, on frappait à la porte du médecin, qui, informé de l’incident, accourait en toute hâte de son côté ; sans nécessité, cependant, la fraîcheur du dehors ayant complètement remis la jeune institutrice — on a deviné que c’était elle — du choc soudain qu’elle avait éprouvé à la vue du tableau de Maurice.

Quand celui-ci et le cousin de Suzanne se trouvèrent en présence l’un de l’autre, leur surprise se traduisit par deux exclamations :

— Gustave !

— Maurice !

— Par quel hasard, grands dieux !

— Moi ? j’habite Contrecœur depuis un mois ; et toi, quand es-tu revenu d’Europe ?

— Mais j’arrive ce soir même.

— C’est incroyable ! et qui t’attire ici ?

— Ma mère, parbleu, qui demeure avec… mademoiselle d’Aubray, n’est-ce pas ? fit Maurice, en s’inclinant du côté de la jeune fille.

— Chez Suzanne ?

— Oui, cousin, intervint l’institutrice ; cette dame aveugle dont je t’ai parlé… il paraît que c’est la mère de monsieur.

— Vraiment ? Comme ça tombe ! moi qui dois aller lui donner des soins…

— En effet, à Paris, tu étais oculiste.