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UN MURILLO

— Eh bien, c’est entendu alors, s’écria Philippe Gendreau de son verbe retentissant.

— C’est entendu, répéta Marcel Benoît, son fidèle écho,

— La Louise va venir, continua Gendreau, pour aider la petite créature à mettre tout ça sur la table. Nous autres, filons ! le dernier coup de la messe va sonner. À l’église d’abord, on réveillonnera ensuite. Monsieur Maurice, j’ai une place pour vous dans ma carriole à côté de ma vieille. Seulement, vous prendrez garde : elle est un peu chatouilleuse !

Maurice, pour qui ces manières joviales et familières n’étaient pas nouvelles, accepta de grand cœur, et, après avoir endossé les lourds vêtements d’hiver qu’il s’était procurés à Montréal, alla déposer un long baiser sur le front de sa mère.


De la Jamaïque du bon vieux temps.
— À bientôt, mon fils, dit celle-ci. Remercie l’Enfant-Jésus pour tout le bonheur qu’il nous donne ce soir. Tu vas voir Suzanne ; dis-lui que je l’attends sans faute après la messe, avec son cousin, le nouveau docteur, et sa femme, si elle peut sortir par ce froid-là.

— Ho ! ho !… Embarque ! embarque !… Perdons pas de temps, nos gens !

C’était la voix tonitruante de Philippe Gendreau qui donnait le signal du départ.