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UN MURILLO

Les recherches furent inutiles.

Il fallut se rendre à la cruelle évidence : il était la victime d’un pick-pocket, et n’avait plus même en sa possession la somme qu’il lui fallait pour regagner le village où l’attendait sa mère, sans doute aussi pauvre que lui.

C’en était trop pour le courage d’un homme. Maurice Flavigny tomba à genoux, pleura longtemps, et pria…

Le lendemain matin, quelqu’un frappait à sa porte.

— Monsieur Flavigny ?

— C’est moi.

— Un paquet pour vous.

— Merci.

Assez intrigué, notre ami prit le paquet et l’ouvrit.

À côté d’un objet roulé, de la grosseur du bras, son porte-monnaie, lui-même, bien reconnaissable, était là avec une lettre.

La main toute tremblante d’émotion. Maurice brisa le cachet, et lut l’étrange missive qui suit :


« Monsieur,

« Celui qui vous écrit est un étranger. Il a vu, hier au soir, tomber un porte-monnaie de votre poche, et l’a ramassé. S’il vous le rend intact, il n’a plus qu’à mourir de faim. Il prend donc la liberté, en vous le remettant, de retenir cinquante dollars sur la somme de cent-dix qu’il contient. Mais, comme je ne suis pas un voleur, et que je viens d’apprendre par les registres de l’hôtel, que vous êtes peintre, je vous laisse en