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LES CHOSES QUI S’EN VONT

Le fléau, lui, sur la frêle constitution duquel le moulin-à-vent s’était apitoyé, garda, sous l’empire de celui-ci, l’illusion d’être utile, en assistant dans le plus inactif des farniente, aux prouesses de son grand frère. Il est toujours prêt, d’ailleurs, à redescendre dans la batterie danser sur les pailles d’or et sur les grains mûrs, lorsque la nécessité l’appelle.

Le fameux moulin rouge est arrivé et a remercié, tout simplement, ses prédécesseurs. Il cumule les fonctions de l’un et de l’autre.

Le moulin-à-vent en est mort. Le crible, déjà sur le retour, est atteint d’une maladie de langueur, et boite par dessus le marché. Il ne fera pas de vieux os, c’est sûr. Le fléau, lui, a la vie dure. Comme nulle invention passée, présente ou future, ne l’empêchera pas d’être et de rester ce qu’il est, il tire du grand, dans le haut poste honoraire où nous l’avons trouvé. De là il regarde les jeunes moissons qui arrivent, filles des moissons passées et mères des moissons futures.