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LES CHOSES QUI S’EN VONT

Loin donc de ces voies extraordinaires où je m’étais égaré, je dirigeai mes investigations, en faveur du crible cette fois, vers les domaines où s’exerça sa laborieuse carrière. Et comme on ne se repose bien et que l’on ne meurt content que là où l’on a vécu heureux, je trouvai, en effet, le vieil instrument à peine en marge de ses anciens domaines, au fond d’une bergerie vide, l’air pas commode, la gueule tournée à la parée qui servait d’appui à son embonpoint séculaire.

Malgré son grand âge, le fléau aurait consenti à me suivre, et mes instances pour l’amener à cette fin, parurent lui faire un velours. De se revoir aux mains d’un homme, ne fût-ce qu’une demi-journée, l’aurait, semble-t-il, rajeuni. Mais le crible, plus pessimiste sur la possibilité d’un rajeunissement problématique, refusa net mon invitation. J’eus beau l’amiauler, lui faire les yeux doux, et étaler devant lui mes raisons les plus convaincantes — motte. Il me montra pour toute réponse et d’un air bourru, ses pieds