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LES CHOSES QUI S’EN VONT

velle ne se répandît dans les rangs, sachant bien que nous tenions à nos vieux usages incommodes, il a rassemblé tous les bras de nos moulins écartelés, et les a vendus aux compagnies du téléphone qui les ont plantés drus, le long des routes, afin de prévenir les réclamations importunes d’un voyageur encore possible, et grincheux, naturellement. Il s’est douté ensuite — car le progrès a du cœur quand cela fait son affaire — que les hirondelles les reconnaîtraient quand même ; il a voulu les consoler aussi. Comme ces mêmes compagnies de télégraphe et de téléphone avaient du fil à retordre pour faire parler les gens d’un bout à l’autre du pays, il leur a demandé d’en jeter sur ces vieux bras de moulins, toujours tendus au vent, par un reste de vieille habitude, afin que les petites voyageuses pussent y tenir leur congrès annuel, à l’arrivée et au départ de la nouvelle migration.

Ces deux plaintes prévenues ; ces deux sources de regrets taries ; le progrès a songé à remplacer la machine antique par une invention nouvelle,