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LES CHOSES QUI S’EN VONT

C’était, du même coup, leur enlever une partie de leur gloire et toute leur beauté ! ils se sont résignés pourtant.

Hélas ! ce n’était qu’un prélude à de plus cruelles ignominies. Profitant de ce qu’ils ne pouvaient plus marcher, on les a couchés à terre et fait tourner par des bœufs. Des bœufs, pour remplacer le vent ! je vous demande !… Des bœufs pour remplacer les hirondelles !… cela manquait de poésie, et c’était tout de même, avouons-le, un peu fort. Les vieilles machines ont senti l’ironie, l’odieuse dérision : elles en ont été profondément humiliés ; et blessées au cœur, elles sont mortes !

Voyez maintenant si le progrès est habile[1]. Avant que la terrible nou-

  1. Ici, un mot, s’il vous plaît. Lorsqu’un avocat se charge de défendre une cause désespérée, contre un adversaire qui a toutes les chances de succès, il n’entre pas, que je sache, dans son procédé de défense, de faire le panégyrique de ce même adversaire, fût-il son meilleur ami, hors du Palais. C’est mon cas. « Choses qui s’en vont » est ma cause désespérée. Or, comme j’ai renoncé d’avance à émouvoir le jury, j’essaie de le faire sourire. Et vous savez, un homme qui sourit, c’est un homme perdu, je veux dire, gagné. J’ai dit.