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LES CHOSES QUI S’EN VONT

des navires qui ne partent jamais. Maintenant, les bâtiments farauds s’écrasent autour de la grange fardée qui a, la plupart du temps — humiliante réminiscence — une girouette : ça vire toujours, ça crie souvent, ça reluit quelquefois, et avec tout cela c’est inutile.

Le moulin-à-battre, lui, ne virait pas toujours, ne criait pas souvent, ne reluisait jamais, et malgré tout cela était utile.

Sans aucune prétention de figurer jamais dans l’illustre généalogie du mouvement perpétuel, le moulin ne virait pas toujours. Pendant une grande partie de l’année, il se permettait à peine des quarts de tours, lorsque par condescendance, il voulait servir de balançoire aux enfants. C’est justement là qu’il criait quelquefois, et ce devait être de joie, comme ces grands-pères qui rient en faisant sauter leurs petits-fils sur leurs genoux.

Les hirondelles en quête de bonheur en notre pays, accouraient, attirées par ces cris de joie. Charmées de voir le