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LES CHOSES QUI S’EN VONT

les senteurs de moisi, de graillon, de renfermé ou de cani.

La laiterie était rambrissée en planches, jusqu’au solage, ou mieux, jusqu’à la planche à coyau, et presquement toujours couverte en bardeaux. La porte, tournée vers le Nord, afin que le soleil y entrât le moins possible, barrait au calenas, rapport aux vardeux de nuit. Les petites fenêtres étaient pourvues de râteliers ; ce qui n’empêchait pas toujours les mortelles mouches-à-vers de s’y introduire. Puis elle était blanchie à la chaux, le dedans comme le dehors. S’il n’y avait pas d’âbres aux alentours, on plantait du houblon et de la vigne sauvage, dont les ombres protectrices la couvraient d’un manteau de fraîcheur. Devant la porte, ce n’était pas défendu de planter des gadelles rouges et des fèves rameuses qui tortillaient leurs tiges fleuries jusqu’au lormier.

Reconstituez maintenant, dans votre imagination, l’image de la petite laiterie blanche, couverte de sa mante brodée de fèves fleuries, et dites-moi si nos grand’mères ne s’entendaient pas à mer-