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LES CHOSES QUI S’EN VONT

l’amour rend semblables ceux qui s’aiment, nous refleurirons en eux, comme ils auront en nous un éternel printemps.

Tout cela, c’est de la poésie et de la prose habillée en vert, me direz-vous. Soit ! J’ajoute que j’y ai mis un peu de religion et beaucoup d’amour ; ce qui va parfaitement ensemble et ne va parfaitement bien qu’ensemble. Ici encore, j’ai suivi les traces des anciens. Parce qu’ils cherchaient premièrement le royaume de Dieu et sa justice, ils avaient reçu, comme par surcroît, ce don de poésie rustique qui mettait tant de sérénité dans leur vie ; car s’il peut y avoir une analogie de la poésie avec la grâce, c’est que la poésie est une grâce. Parce qu’ils savaient mettre du Bon Dieu dans leur vie, ils en trouvaient, tout simplement. S’ils n’ont jamais joui d’un bonheur complet — « fut-il roi ou pape, dit l’Imitation, nul n’est sans quelques peines ou ennuis » —