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LES CHOSES QUI S’EN VONT

ries où la Mère du Verbe devait diriger les pas tremblants du divin Exilé. Ils l’ont aimée encore, parce que le Verbe lui-même, lorsqu’il est venu habiter parmi nous, a voulu, en passant par nos chemins, magnifier ses fleurs dans les lis et immortaliser ses arbres dans le bois de la Croix. Et leur amour est devenu un saint orgueil à la pensée que le Christ a voulu faire plus encore, pour ces fruits de la terre qu’ils ne voient croître et grandir qu’arrosés des sueurs de leur front ; pour nos blés et nos vignes, qu’il a ennoblis par la mystérieuse transsubstantiation qui les sacramente. Vrai Pain des forts, fragiles espèces qui, après être demeurées parmi nous jusqu’à la consommation des siècles pour être notre joie et notre salut, auront encore — je le crois — l’honneur d’être placées en paradis avec la croix, comme des trophées de l’amour de Dieu pour les hommes. Comment comprendre alors, qu’avec de telles pensées, la terre n’ait pas été pour nos aïeux « l’allée d’amour ».

C’est bien ainsi que nos vieux ai-