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LES CHOSES QUI S’EN VONT

rigide et sec comme un maestro. Artiste avant tout, il groupe avec art les cannelles dodues et bien chantantes et leur fait exécuter l’hymne nationale du tintamarre.

Enfin l’ourdissoir (on comprendrait aussi étourdissoir) tend ses larges bras mouvants sur lesquels l’ourdisseuse enroule en spirale les brins de toutes les cannelles qui se dévident, en faisant le bruit dont je viens de parler. Après ce travail minutieux de l’ourdisseuse, les missions de l’ourdissoir et du cannellier sont terminées. Car, il est bon de vous dire que la pièce est ourdie.

Le métier, jusqu’alors digne et silencieux, se présente maintenant, et tend ses bras vides. L’ourdisseuse y attache d’abord un long et lourd peigne de bois, vrai démêloir pour la chaîne qui y passe et monte s’enrouler sur le rouleau d’arrière. L’extrémité des brins — les pennes — sont d’abord passées en lames ; puis au moyen d’un crochet d’osier, passées en rô, et enfin nouées à la baguette que retiennent des cordeaux attachés au rouleau d’avant.