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LES CHOSES QUI S’EN VONT

ces yeux en amandes et couleurs de châtaignes, des Siennois — se tient Il Santo, dont l’extase semble avoir immobilisé un geste inimitable de tendresse candide. On dirait que toutes les beautés qui l’environnent écoutent ; car il parle, le doux saint. Il parle, non pas aux arbustes qui lui tendent leurs branches comme des mains pour acclamer ses paroles ; non pas aux fleurs qui tournent vers lui leurs corolles fraîches comme des lèvres pour lui sourire ; non pas même aux chardons violets qui, de crainte qu’il ne les quitte, enfoncent leurs griffes dans sa bure rapiécée, comme pour le retenir. Non, il parle aux oiseaux — chose inouïe jusqu’alors — un langage fraternel.

Frère Ange, assis sur une pierre, le regarde avec ferveur, tandis que Massé, les mains croisées sur sa poitrine, pleure de surprise ou de joie et peut-être aussi d’amour. C’est gracieux, coloré, ému, comme le récit d’une vieille légende : c’est délicieux à l’œil comme il sied que soit une peinture. Et c’est bien, également captivante dans le sonate et le ta-