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LES CHOSES QUI S’EN VONT

Nous avons bien, il est vrai, le « Frontenac » et le « Laurier », et leurs belles proportions pourraient séduire un amateur de silhouettes ; mais leur granit luisant, leurs briques saignantes et leurs plâtres livides, sur lesquels les siècles hésiteront longtemps à tisser leurs mousses et à incruster leurs rouilles, feront que nos peintres, soucieux de vérité autant que de beauté, n’y verront que des anachronismes prétentieux, propres tout au plus à être ébauchés sur une toile de théâtre, pour servir de décor à une scène de vaudeville. Voilà pour les châteaux.

Quant aux moulins, il serait presque temps de les peindre, puisque bientôt, s’ils ne tombent pas en ruine, les industries nouvelles vont les métamorphoser du tout au tout. Ils prendront nécessairement une physionomie résignée que leurs nouveaux maîtres leur imposeront, et que nous, nous ne connaîtrons pas. C’est ainsi que les moulins s’en vont.

Un beau jour — il y a belle lurette de cela — en revenant du marché et