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LES CHOSES QUI S’EN VONT

bien loin de votre moulin-à-farine. J’y arrive. Lorsque notre future école canadienne de peinture, après avoir passé par les phases du développement de ses augustes aînées, en viendra, si elle veut conserver les traditions classiques, aux paysages de ruines, elle ne trouvera pas de modèles chez nous. Et la raison en est bien simple : nous n’avons jamais eu de châteaux, et nous n’aurons plus de moulins.

Nous n’avons jamais eu de châteaux. Je ne prétends pourtant pas faire de cette assertion bénigne, une bombe qui aille démolir ceux qui se dressent, combien vénérables ! au fond de notre histoire. Comme je parle peinture, je me place au point de vue du peintre. Or, personne n’ignore que le mot château, a, pour l’artiste, une signification, ou du moins évoque une image qui ne se dégage pas nécessairement de la définition qu’en donne le dictionnaire de l’Académie. Pour le peintre, qui incarne les idées sous des formes visibles qui les exaltent, un château est bien la demeure princière sans doute, mais