Chez nous, en notre pays neuf, où le souci du pain quotidien doit primer toutes les autres ambitions, si modestes soient-elles, on comprend sans peine que notre histoire de l’art en soit encore à sa préface. Et puisque j’ai dit : préface, ne serait-il pas le temps d’écrire — pour faire suite à celles de notre littérature, si magistralement commencées — ces premières pages de notre histoire artistique ? La noble initiative qui en fut la créatrice, si peu importante qu’elle apparaisse aujourd’hui, ne fut ni sans courage ni sans succès. Puis donc qu’il n’y a rien de petit dans l’histoire d’un peuple, le souvenir de cet humble mais réel effort doit être signalé avec les noms des auteurs qui, pour avoir honoré notre nation, méritent d’être honorés par elle.
N’est-ce pas en effet le Frère Luc qui, vers le dix-huitième siècle, fut le premier à exercer l’art de la peinture dans la Nouvelle-France ? Il est vrai qu’en parlant de la première église franciscaine de Québec, le R. P. Charlevoix, S. J., dans son Histoire du Canada, nous