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sation qui avait repris son vigoureux entrain du début, ne perdit aucunement de sa verve, la Sophie (c’était plutôt Thalie) à Tit-Pit Aubé, qui parlait en in, chanta — en in naturellement — une chanson qu’elle avait annoncée comme toute nouvelle. Elle en était rendue au second couplet :

Suivint le vint, mon cher amint,
Cela me cause du tourmint ;


lorsqu’un formidable éclat de rire ébranla le plafond de la pièce voisine. Plusieurs curieuses se pressèrent dans la porte et annoncèrent bientôt :

— C’est tante Mérance, qui dit la bonne aventure.

Dix voix crièrent aussitôt : Pour moi, tante Mérance, pour moi !

Cyprien qui venait de perdre sa partie de « dix » avec Céline, abandonna celle-ci en train de faire voir à ses compagnes un nouveau couvre-pied à blocs et à pointes. En bousculant les autres personnes, il se dirigea vers la cartomancienne.

— Je pars demain, tante Mérance, dit-il d’un ton cajôleur ; un coup, pour voir si j’aurai de la chance.

— Jour du pays ! Si M. le curé le sait itou, il prêchera encore comme il y a eu dimanche trois semaines.

— Ce n’est pas pour vous sûrement que M. le curé prêche, allez ! Ce sermon revient à date fixe comme ceux sur la danse et sur les mariages mixtes.