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Quickjump " rue des Commissaires, aurait pu en dire long à Céline sur les retards de son mari. Cette délicate allusion suffit sans doute, sans entrer autrement dans les secrets d’une vie peu propre, pour donner à penser que Justin était parfaitement digne du métier qu’il exerçait : c’était tout simplement un fier coquin.

Au cours de la journée du baptême, il put s’entretenir en tête-à-tête avec son cher beau-frère, et reprendre un thème de conversation qui lui était cher.

— C’est inouï, lui répétait-il en substance, de t’enterrer ainsi dans le fumier de tes étables. Avec ton intelligence, tu peux prétendre à mieux que cela. J’en connais qui sont moins bien doués et qui sont devenus de gros messieurs. Lâche-moi cette terre et viens-t-en en ville. Je te trouverai un bon travail avec de longues heures libres où l’on peut jouir de la vie. J’ai des amis influents jusqu’à l’Hôtel-de-Ville ; ils pourront me donner un bon coup d’épaules pour te placer. Viens-t-en avec nous ; ta fortune et ton bonheur sont assurés. Quels piques-niques nous ferons mon cher, à Lachine, à Dorval… et ailleurs…

Ce n’était pas la première fois que Justin dirigeait de telles attaques. Cyprien ne s’était guère rendu au marché sans en avoir subi de semblables. Jamais elles n’avaient été si vives. Cyprien objecta pourtant encore, mais pour la forme :

— Ce sera dur pour ma femme ; c’est le bien paternel.

— Ah ! bien, mon cher, reprit Justin en éclatant de rire, si tu te préoccupes des pleurniche-