Page:Frère Gilles - L'héritage maudit, 1919.djvu/31

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 31 —

— Eh oui, Melle Cédulie.

— Donnez-vous donc la peine d’entrer. M. le curé a une visite pour le quart d’heure ; si vous voulez l’espérer un instant. Passez donc dans la salle.

— Bien honnête, Melle Cédulie.

— Vous êtes venue pour le premier vendredi, ça m’en a tout l’air. Loin de l’église comme vous êtes, et avec les chemins en « bouette » que nous avons, je vous trouve bien dévotieuse. C’est ce que je disais à Melle Félicité pas plus tard que tantôt.

— Les chemins sont collants en effet, mais on n’a rien sans peine dans ce bas monde.

Tout en parlant, Cédulie avait posé une serviette sur le coin de la table, y avait déposé tasse et soucoupe, sucrier et plateau de biscuits, etc… Madame Lachance croyant qu’elle préparait le petit déjeûner de son maître, fit mine de quitter sa place.

— Bougez pas ! madame Lachance, bougez pas ! dit la ménagère avec autorité ; vous êtes comme la marguiller-en-charge dans le banc-d’œuvre : à votre place. Si ça une miette de bon sens de venir de si loin communier à jeun à votre âge. Tenez ! goûtez-moi ces biscuits-là avec cette tasse de café brûlant ; ça vous accottera l’estomac au moins pour vous en retourner.

— Mais Melle Cédulie… M. le Curé ?

— D’abord, il n’y a pas de Melle Cédulie, c’est Cédulie tout court. Puis M. le curé, il sera content… tout court aussi : c’est pas un sauvage.

— Vous êtes bien charitable tout de même.