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préventions que tante Mérance avait toujours plus ou moins conservées contre Cyprien.

Les récoltes de l’automne ayant été exceptionnellement abondantes, Cyprien résolut de frapper un coup de maître. Après avoir obtenu l’adhésion de Céline, il allégua que la situation d’un fermier était insoutenable sur une terre qu’il n’habitait pas. Puis s’autorisant de l’espérance donnée par le père Braise, il demanda Céline en mariage.

Des pourparlers s’établirent entre lui et le tuteur qui le renvoyait à Céline, maintenant majeure. Celle-ci le renvoyait à tante Mérance qui avait des idées fixes sur l’opportunité des mariages à la vapeur.

Malgré la hâte d’atteindre à son but dès après les fêtes, le mariage fut retardé jusqu’aux jours gras, afin que la première année du deuil de Céline s’écoulât tout entière.

La cérémonie se fit très simplement. On n’invita que les plus proches parents pour le déjeûner, à l’issu duquel, les nouveaux époux partirent pour Montréal, afin d’y passer les premiers jours de leur lune de miel chez la sœur de Cyprien.

Quelques jours après leur départ, la veuve Lachance qui avait promis une grand’messe aux bonnes Âmes si Cyprien se convertissait, profita du premier vendredi du mois pour aller au presbytère s’acquitter de sa promesse. En lui ouvrant la porte, Cédulie, la ménagère, ne peut retenir un cri de surprise :

— Mais c’est madame Lachance, je compte bien.