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pondait par de brefs : « Il n’y a pas de quoi ! » Elle partit en affirmant sa conviction que le bonheur de Céline ne pouvait être plus assuré. Ce à quoi le père Braise répondit : « Ainsi soit-il ! » en se contentant de prendre un air incrédule. Et tout en reconduisant sa voisine à la porte, il se disait en lui-même : je suis aussi fin qu’elle, je veillerai.

On a vu comment Cyprien, sans manquer à la parole donnée par sa mère, avait, le soir de la Sainte-Catherine, piqué au plus court, comme on dit encore chez nous, pour arriver à ses fins : se faire remarquer, se faire admirer. De là, à se faire aimer, il n’y a qu’un pas.

Quant à Céline, ignorante de tout ce complot, elle se serait peut-être surprise à regretter ce soir-là, qu’un garçon aussi joli que faraud quittât la paroisse. Ne perdait-elle pas en le perdant, le seul jeune homme qui, jusqu’alors, avait pu exciter son intérêt en lui apprenant des mots nouveaux qu’elle n’avait jamais vus dans le dictionnaire du pensionnat, et qu’elle repassait avec délices, pour les graver dans sa mémoire.

Elle n’aimait peut-être pas encore Cyprien, mais déjà, il lui plaisait.

IV

Mademoiselle Céline,

Il m’a paru que cette journée du 1er de l’an serait moins ennuyante si je mettais la main à