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poque de son retour, le père Braise cherchait un homme ; France était entré à son service, se proposant bien d’acquérir cette belle propriété.

France était en service depuis deux années, lorsque Céline sortit du pensionnat, apportant dans la maison de son père un peu de la joie et du soleil de ses 18 ans. Deux autres années s’écoulèrent au cours desquelles il n’y a rien de saillant à mentionner.

Au début de la cinquième année, un jour que, après avoir couru les érables avec le père Braise, il se disposait à le laisser à la cabane pour faire bouillir, France lui annonça brusquement sa volonté de partir.

Le père Braise, très surpris, le regarda avec de grands yeux et ne put tout d’abord répondre que par un : « Tu l’diras plus ! » Remis de son étonnement, il lui demanda la raison de ce départ ; mais il ne put obtenir d’autre réponse que la promesse de retarder sa fugue jusqu’après les semences.

Il ne faut pas se demander si, tout en faisant bouillir, cette nuit-là, le père Braise édifia et renversa des hypothèses sur cette décision intempestive. N’ayant pas trouvé dans toutes ses suppositions de prétextes plausibles à ce départ, le lendemain il consulta Mérance pour qu’elle l’aidât à orienter ses recherches. Celle-ci qui, comme elle le disait « remerciait chaque jour le Seigneur de lui avoir donné de bons yeux… et des lunettes, pour tout voir » fit part à son frère de ce qu’elle avait soupçonné depuis longtemps : France aimait Céline.

Il serait exagéré de dire que le bon vieux ne