Page:Fournier - Souvenirs poétiques de l’école romantique, 1880.djvu/485

Cette page n’a pas encore été corrigée

QUINET (Edgar)

Chez cet écrivain d’une valeur si haute ; philosophe profond dans son livre sur Herder ; professeur éloquent, lumineux érudit dans ses Épopées inédites du moyen âge ; historien d’une très fière justice dans ses ouvrages sur la Révolution et sur la Campagne de 1815, le poète fut, malgré de remarquables éclairs, ce qui s’affirma le moins.

Il eut plutôt la prétention que le succès de la poésie. « Quinet, a dit M. Chassin, son panégyriste, semble gêné par le vers au point de rester, dans l’expression, au-dessous de sa propre pensée. »

Il aurait peut-être dû faire pour tous ses poèmes comme il avait fait, en 1833, pour le premier, Ahasvérus : les écrire en prose. L’émulation de poésie, très vive alors, l’entraîna. Son Napoléon, qu’il publia, trois ans après, était en vers, d’une inspiration fort inégale, mais d’une fougue très hardie, en ses rhythmes divers, et d’un élan par endroits irrésistible. On y sentait tout à la fois la jeunesse sous l’essor, et la maturité sous la force. Quinct avait alors trente-trois ans.

En 1838, on eut son Promethée, qui surprit venant de lui ; on y trouvait des pensées d’un idéalisme presque chrétien.

Proscrit par le 2 décembre, il revint à la poésie dans l’exil ; il fit sa tragédie des Esclaves, à laquelle il donna cette épigraphe : Exulibus exul. Ce fut son adieu aux vers. Selon M. Chassin, il n’a pas d’œuvre poétique plus remarquable. Suivant nous, le poème de Napoléon est supérieur.

Edgar Quinet est mort à Versailles, le 27 mars 1875, âgé de soixante-douze ans. Il était né à Bourg, le 17 février 1803.

SARAGOSSE

Malheur ! malheur ! malheur ! à travers ses rideaux,
Ah ! la fête a pâli sous ses mille joyaux !