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ODE À UNE JEUNE FILLE.

concours, ce flot de rimes, l’imprimeur Balzac se souvint que lui aussi il avait rimé : il faufila, dans le volume de 1827-1828, les strophes qu’on lira plus loin. Elles y étaient accompagnées de quelques autres vers écrits pour un album.

Après ceux-là, je ne connais guère de lui qu’un pastiche moyen âge dans son roman l’Israélite, et un pastiche d’un autre genre, cette grotesque Bilquéide dont il a glissé de si comiques fragments dans le Député d’Arcis, un de ses meilleurs romans, quoiqu’un autre l’ait fini pour lui. Quand Balzac mourut, en 1850, à cinquante et un ans, cet ouvrage était inachevé.


ODE À UNE JEUNE FILLE


Du sein de ses torrents de gloire et de lumière,
Où, sur des harpes d’or, les esprits immortels,
Aux pieds de Jéhova, redisent la prière
De nos plaintifs autels ;

Souvent un chérubin, à chevelure blonde,
Voilant l’éclat de Dieu par son front reflété,
Laisse au parvis des cieux son plumage argenté,
Et descend sur le monde :

Comprenant du Très Haut le sublime regard,
Il vient sourire au pauvre à qui tout est souffrance :
Et, par son tendre aspect, rappeler au vieillard
Les doux jeux de l’enfance.

Il inscrit des méchants les tardifs repentirs ;
À la vierge amoureuse il accourt dire : « Espère. »
Et, le cœur plein de joie, il compte les soupirs
Qu’on donne à la misère.

De ces anges d’amour, un seul est parmi nous
Que le soin de notre heur égara dans sa route ;