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HOUSSAYE (Arsène)


Quoique ces premières poésies imprimées, Sentiers perdus, ne datent que de 1841, c’est-à-dire dun an trop tard pour avoir place dans ce volume, on nous saura gré de l’j^ admettre ; il y manquerait trop. Sans lui, le petit Cénacle, de Gautier, de Gérard de Nerval, de Bouchardy, etc.. dans l’impasse du Doyenné, n’y serait pas complet.

    Dès 1836, à vingt et un ans, lorsqu’il fut arrivé de Bruyères, en Picardie, son village paternel, il se mit de ce groupe si gaillardement excentrique, où poètes et peintres confondaient leurs fantaisies. 
    Sa double éducation de littérature et d’art y fut bientôt faite, mais sans qu’il y perdît ce premier parfum d’originalité, qu’il avait rapporté du pays, dont ou sent 4a fleur sur ses premières ébauches : la Couronne de bluets, la Pécheresse, et qui restera sa marque. 
    « Bien qu’il appartienne, a dit Gautier, par ses sympathies, à ce grand mouvement romantique, d’où découle toute la poésie de notre siècle, Arsène HoussaYe ne s’est fixé sous la bannière d’aucun maître. Il n’est le soldat ni de Lamartine, ni de Victor Hugo, ni d’Alfred de Musset. » 
    A l’influence de ses premières inspirations tout indépendantes, il faut joindre, pour avoir le mot de son originalité, le goût de la critique et de l’histoire, qu’il sut appliquer avec tant de distinction et de tact : l’une à ses études sur la peinture flamande et hollandaise, et sur l’école française depuis Watteau jusqu’à Greuze, auxquels il rendit leur rang et leur succès ; l’autre h. ses portraits du XVIIIème siècle, dont, peintre à son tour, il nous a donné une si élégante série en deux volumes : Philosophes et comédiennes. 
    Il se fit le contemporain de Voltaire, le Roi Voltaire — comme s’appelle un de ses ouvrages — presque autant que le nôtre. Il eu arriva même jusqu’à « pasticher « son style, dans un conte : L’arbre de la science, avec tant d’adresse qu’à la Revue de Paris, où il le publia, tout le monde y fut pris. 
    Il s’amusa du même jeu, dans son Histoire du quarante et unième fauteuil de l’Académie, pour faire parler les académi-