Page:Fournier - Souvenirs poétiques de l’école romantique, 1880.djvu/223

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
207
DEO OPTIMO MAXIMO.

Car la main qui reçoit bénit la main qui donne :
Jouir de tes bienfaits, c’est encore obéir.

Empêche qu’entouré de ténèbres profondes,
Je borne à cette terre et ta gloire et ta loi,
À l’aspect des milliers de mondes
Qui rayonnent autour de toi !

Empêche aussi, grand Dieu, qu’au gré de mon caprice
Je lance imprudemment les foudres immortels,
Et que mes préjugés, remplaçant ta justice,
M’arment d’un fer sanglant pour venger tes autels.

Si dans le droit sentier je m’avance timide,
Daigne affermir mon âme et mes pas incertains :
Si je m’égare, sois mon guide ;
Montre-moi de meilleurs chemins !

Si tu versas sur moi tes biens avec largesse,
Préserve mon esprit d’un orgueil insensé ;
S’il en est qu’à mes vœux refusa ta sagesse,
D’un coupable courroux sauve mon cœur blessé !

Apprends-moi la pitié ! que ma douce assistance
Prête un voile à l’erreur, au malheur un appui !
À mes fautes rends l’indulgence
Que j’apporte aux erreurs d’autrui !

Qu’en ce lieu de passage où tes lois me retiennent
Je trouve un peu de pain et la tranquillité !
Pour tes autres bienfaits, tu sais s’ils me conviennent ;
Et que soit faite en tout ta sainte volonté !

Que l’univers immense, uni par la prière,
Te salue à la fois d’hymnes reconnaissants.
Ton temple est la nature entière ;
Tous ses parfums sont ton encens.