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HALÉVY (Léon)

    Littérateur peu près universel, qui, d’une main plus ou moins heureuse, a touché à tout, même à la politique, — on lui doit un bon travail sur Machiavel, — et même à la religion, — Saint-Simon en effet l’eut pour disciple, — et personne n’a donné sur cet apôtre de plus intéressants détails. 
    Nous ne verrons, nous, dans M. Léon Halévy, que le poète, l’auteur dramatique, et le traducteur ou imitateur en vers des poètes anciens ou étrangers. 
   En 1817, n’ayant que quinze ans, il publiait dans l’Israélite français, qui s’était empressé de livrer ses pages à ce coreligionnaire adolescent, une cantate d’Egée, et des imitations d’Horace ; en 1825, il mettait en volume un certain nombre d’élégies, sous ce titre, qui sent bien son temps : les Cyprés ; 

et, la même année, il passait des premiers dans le bataillon encore bien clairsemé, dont Saint-Simon s’était fait le chef, avec le docteur Bailly (de Blois), Olinde Rodrigue, etc. Il eut part au volume : Opinions littéraires, philosophiques et industrielles, qui fut un des ballons d’essai de la nouvelle doctrine.

    Léon Halévy ne s’y était pas livré tout entier. Il faisait de l’apostolat le matin, de la poésie dans la journée, et du théâtre le soir. 
    C’est en effet dans ce temps-là qu’il fit paraître, sous le titre de Poésies européennes, ses traductions ou imitations des poètes étrangers, dont vous lirez tout à l’heure une des meilleures, inspirée par Pope. 
    C’est alors aussi qu’on lui joua, au Théâtre-Français, sa petite comédie en prose, Le Duel, et deux ans après, en 1829 sa tragédie du Czar Démétrius, avec un succès qu’il ne retrouva pas lorsqu’en 1803 il tira, pour l’Odéon, de ses Eludes sur la Grèce tragique, une Electre, en cinq actes, en vers, qui ne réveilla pas pour plus de trois semaines l’immortalité de l’œuvre de Sophocle. 
    En 1829, l’année même de son succès tragique, son frère Fromental Halévy, grand compositeur à ses débuts, ayant besoin d’un poème d’opéra comique, il avait écrit pour lui,