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ne purent s’empêcher d’en parler au gouverneur.

Mais en vain…


En vain aussi mon médecin écrivait-il, de Montréal, qu’un tel régime pourrait rapidement m’être fatal.

En vain le shérif lui-même était-il instruit de mon état : « Vous savez », disait-il un jour à deux de mes amis qui lui demandaient la permission de me venir voir, « vous savez, il paraît qu’il est malade, à la prison, votre ami Fournier, assez sérieusement malade, même… »

Or, deux jours plus tard, je n’avais pas encore quitté le 17.


Tâche que tes amis jasent moins fort, m’avait dit le gouverneur. — De son côté, le shérif déclarait à mes visiteurs (affidavit de MM. Philippe Landry, sénateur, et Hector Authier, journaliste, aujourd’hui correspondant de la Presse à Québec) :

Les amis de Fournier ont bien tort de faire tant de bruit autour de son nom, à propos de son emprisonnement. S’ils voulaient seulement se tenir tranquilles, ne faire aucune agitation quelconque dans les journaux, je suis convaincu qu’au bout d’un mois au plus Fournier serait libre. Il sortirait de prison libéré par le ministre de la Justice, auquel il faudrait, présenter une requête demandant sa grâce. Cette requête serait référée au juge qui a prononcé la sentence. Je n’ai aucun doute que celui-ci serait favorable (sic). Précisément, hier, François me disait qu’il n’aurait aucune objection à recommander la mise en liberté de Fournier. Qu’est-ce que ça peut lui faire, à François, que Fournier soit en prison un mois au lieu de trois comme il l’a condamné (sic) ? Tout ce que voulait François, c’était que son jugement fût une leçon pour le public ; mais dès que le ministre de la Justice lui remettra la requête en grâce, il est prêt à faire un rapport favorable… (Textuel).

En d’autres mots, ces messieurs, non contents de fouler aux pieds les règlements pour me rendre la vie dure, spéculaient encore sur mon état de santé dans l’espoir de m’arracher un consentement que je ne voulais pas donner.