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le lendemain matin à Québec. Vous dire l’impression que j’eus alors, cela ne serait pas possible. Je m’imaginais — très fortement — avoir voyagé, comme ce personnage du fantaisiste anglais H.-G. Wells, non pas dans l’Espace, mais bien dans le Temps. Devant la physionomie archaïque de cette ville, il me semblait être transporté de deux cents ans en arrière.

Ce fut une impression analogue, mais combien plus intense ! que j’éprouvai en Avignon. Et cette impression, je pense, correspondait à une profonde réalité. Avignon, de même que le pays voisin, n’est pas de notre époque ; c’est une contrée du quinzième siècle égarée dans nos temps modernes. Et c’est peut-être aussi bien ce qui fait son charme pénétrant…

⁂ Ce fut non loin d’ici que le délicieux Daudet écrivit ses Lettres de mon Moulin. Vous vous en rappelez peut-être quelques-unes : Le curé de Cucugnan… La chèvre de M. Séguin… L’Élixir du Père Gaucher… La mule du Pape — cette fameuse mule qui donna un coup de pied si véhément, si prodigieux, « que de Pampelune on en vit la fumée »… — et les histoires d’Arles, et de Pampérigouste, et d’ailleurs…

Baudelaire a écrit une pièce intitulée Correspondances, où se trouve ce vers :

Les parfums, les couleurs et les sons se répondent.