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JOURNAL D’UN « DÉCOUVREUR »[1]


Avignon, la ville de beauté


J’ai vu Avignon par un clair soleil, vers les onze heures du matin, de la tour la plus élevée du château des papes. L’impression que j’en eus dépasse tout ce que j’éprouvai jamais.

Ni à Paris ni à Rouen, devant les chefs-d’œuvre gothiques, ni à Versailles même, devant les merveilles des fontaines et des châteaux, je n’avais ressenti rien de comparable.

C’est qu’Avignon possède plus que ses monuments et ses souvenirs historiques — son atmosphère.

⁂ Comment donnerai-je une idée de cela ?…

J’arrivais de Lyon, où, quelques heures plus tôt, j’avais laissé les brouillards, la pluie, l’humidité pénétrante des climats du Nord… Je descends à Avignon, et me voici dans le printemps ; non pas le triste printemps de la réalité — tel qu’on l’a vu à Montréal depuis deux mois, — mais le printemps des peintres, des poètes et des amoureux, le printemps idéal.

Du haut du château des papes, je contemple, autour de la ville, la campagne verte, que bor-

  1. Publié dans la Patrie du 10 juin 1910, et écrit pendant un voyage en France, au printemps de la même année.