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UNE VISITE À MISTRAL[1]



Maillanne, le 18 mai 1910.


Vous en étiez averti, mon cher lecteur, depuis le début : nous ne devions pas suivre dans notre voyage d’itinéraire précis. Vous ne m’en voudrez donc pas si, de la Normandie, et avant même de vous avoir parlé de Honfleur, je vous transporte, sans plus de transition, dans le Midi.

Car c’est dans le Midi que nous voilà rendus. Et c’est du Café du Soleil, à Maillanne (Café doù Souleu), que je vous écris. Et je sors à l’instant de chez Mistral.

⁂ J’entends M. le Député s’écrier :

— C’est-il un ministre, cela, Mistral ?

— Non, mon cher ami… Mistral n’est pas ministre ; il n’est même pas député. C’est tout simplement un poète. Que voulez-vous, on est ce qu’on peut.

— Un poète !… Comme Chapman, alors ?

— Parfaitement : comme M. Chapman. Ni l’un ni l’autre, en effet, ne sont des poètes français. Seulement, tandis que l’auteur des Aspirations se sert d’un dialecte dont on n’a pas

  1. Publié dans la Patrie du 7 juin 1910, au cours d’une série de lettres de France.