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un enseignement littéraire parfaitement conforme à nos besoins.

Ce seul espoir vaudrait que nous tentions l’entreprise.

⁂ Mais il y a plus.

Quoi qu’il arrive, nous savons d’avance que nos cousins d’outre-mer ne feront jamais à l’Université Laval de Montréal le cadeau d’un homme de très haute valeur. Or, cet homme, ne pourrions-nous pas le trouver peut-être un jour parmi ceux des nôtres que nous aurions envoyés étudier là-bas ?

Aussi bien doués, par ailleurs, que les Européens, nos compatriotes se seraient fait, selon toute vraisemblance, par leur contact avec deux civilisations, par leur plus vaste expérience des hommes et des choses, un esprit à la fois plus ouvert et plus positif. Rien n’empêcherait donc que ne se révélât un jour parmi eux un esprit réellement supérieur, qui illustrerait non-seulement la modeste chaire de Laval, mais toute la race canadienne-française.

Et du reste, quand nous n’aurions réussi qu’à former un certain nombre d’hommes instruits et cultivés, nous n’aurions perdu ni notre temps ni nos peines. Car ces hommes, au contraire des professeurs actuels, ne nous quitteraient pas au bout de deux ou trois ans pour retourner en Europe. Ils resteraient chez nous. Ils con-