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LA LANGUE FRANÇAISE AU CANADA

crets qui ne s’apprennent pas dans les livres et par l’étude seulement ; que, si le travail seul nous en peut assurer la pleine possession, il ne saurait par contre suffire seul à nous les révéler ; qu’aucune méthode au monde, enfin, n’ayant encore accompli pareil miracle, il y aurait mauvaise foi manifeste à le vouloir exiger de la vôtre. — Je ne demande pas davantage si le style en est coulant, s’il a de la tenue, de l’élégance, de la facilité. Je le pourrais à la vérité, si, comme je le crois, l’effort persévérant peut ici suppléer, dans une certaine mesure tout au moins, à l’insuffisance du don naturel ; mais tel n’est pas le sens de ma question. Je ne demande pas si votre ouvrage est écrit en un français plus ou moins brillant ou châtié, mais bien seulement — je le répète — s’il est écrit en français.

J’appelle « écrire en français », pour les pauvres gens que nous sommes, le fait, sans plus, si nous ne pouvons écrire bien, au moins de ne pas écrire mal. Je dis d’un livre, en d’autres termes, qu’il est écrit en français 1si l’auteur a su, tout simplement, éviter les fautes — les fautes du moins par trop grossières, — « contre les règles grammaticales » et « contre les lois littéraires ». Cette définition vous va-t-elle ? Elle est de l’une des autorités que vous prisez justement entre toutes et que vous citez le plus abondamment : Stapfer (Récréations gram-