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LA LANGUE FRANÇAISE AU CANADA

lation ! De fait et bien loin de là, c’est en vain, cette fois comme les précédentes, que repoussant toutes vos idées les unes après les autres, les tournant et retournant sous toutes leurs faces, je m’étais efforcé d’y découvrir une portée autre que celle que j’y avais vue d’abord, un sens quelconque qui pût me les rendre plus acceptables. Malgré toute ma bonne volonté, malgré toute mon application, je n’y avais rien aperçu, en définitive, qui ne tendît au contraire et plus fortement que jamais à me fortifier dans ma conviction première. Pourtant, le fait est bien réel : en dépit de tous mes raisonnements et contre l’évidence même, le doute, subitement, s’était emparé de moi, — un doute singulier, fantasque, absurde comme une peur sans cause… — « Si tout de même je me trompais ? » pensais-je. « Si je me trompais ? Ma raison il est vrai, me crie que non. Mais qui me dit qu’elle ne se fourvoie pas, ma raison ? Ce ne serait, après tout, pas le premier tour qu’elle m’aurait joué. Si je me trompais ? »

Vous ferez de cet aveu l’usage qu’il vous plaira. Je serais surpris, à vous parler franchement, que vous ne fussiez prompt à en tirer contre moi les conclusions les plus accablantes. Je vous parie les quatre gros volumes de Littré contre la plus mince plaquette de l’abbé Blanchard — ou de M. Adjutor Rivard, au choix — que vous y sau-