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MON ENCRIER

eux-mêmes anodins — Émulsion Toute-Puissante du docteur X… ou Pilules Souveraines du professeur Z… souvent viennent à nous paraître dangereux après ne nous avoir semblé que plaisants, et c’est même ce qui donne à de tels que les vôtres, dans la mesure, heureusement infime, de leur action, un caractère, à mes yeux, presque aussi pernicieux que divertissant.

Demandez-moi maintenant tant que vous voudrez, si vous espérez pouvoir par là m’embarrasser, de proposer, à mon tour, une solution certaine au grand problème qui nous occupe, de définir les infaillibles moyens par quoi se pourrait, selon moi, régénérer notre langage. Je vous avouerai sans plus de façon que je n’en connais point de tels. Tout au plus, si j’en avais le temps, me permettrai-je, et encore sous toutes réserves, de signaler celui de tous qui, à mon sens, offrirait les moins douteuses garanties de succès… Mais je m’aperçois que cette lettre est déjà bien longue, et, avec votre permission, ce sera pour une autre fois.

Aussi bien ne me proposais-je autre chose aujourd’hui que de marquer, le plus clairement qu’il serait en mon pouvoir, ce fait essentiel : à savoir, que contrairement à l’opinion courante en ce pays, et par définition même, toute réforme du langage — d’abord, avant et pardessus