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MON ENCRIER

pas l’apercevoir, je ne me trompe pas, en effet : c’est bien vous qui dénoncez encore, entre autres causes de notre mauvais langage, le peu de souci que nous prenons de nous bien exprimer. Oui c’est bien vous, et même je vois qu’à ce sujet vous vous plaignez, en toutes lettres, de l’« irréflexion », du « laisser-aller », du « relâchement total », enfin, dont témoigne la conversation d’on peut dire à peu près tout le monde chez nous… — Enfin, me disais-je en vous lisant, enfin il va nous apprendre quelque chose. On n’en peut douter : s’il se met en peine de telles constatations, cent fois faites avant lui et qui déjà sous l’Union des Deux-Canadas commençaient à manquer de nouveauté, ce ne peut être qu’un point de départ. Il n’en restera pas là. — Hélas ! Montigny, vous en êtes resté là. Après tous les autres, comme tous les autres, vous avez constaté la négligence que nous apportons dans notre langage ; et puis vous vous êtes arrêté, croyant de très bonne foi avoir dit quelque chose qui eût un sens. — Sur la nature et les causes de cette négligence, rien. Pas un instant vous ne vous demandez d’où peut bien venir, à la fin, un défaut si étrangement enraciné, si invraisemblablement répandu, et en effet, à ne le considérer qu’en soi, absolument et totalement inexplicable. Pas un instant vous n’avez l’air à vous douter que