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Non, mon père,… vous ne sauriez l’imaginer : c’est l’aveu d’une défaillance que je dois vous faire, et je n’en réalise (sic) TOUTE LA BASSESSE ET L’ÉNORMITÉ qu’au moment de vous la dire… (P. 165.)

Il continue :

Vous allez me condamner, vous ne pouvez pas ne pas me condamner… C’est la première fois que vos yeux si bons flamberont de colère contre moi… J’espérais ne jamais mériter cela, j’en ai un chagrin inexprimable : mais il me faut votre courroux contre cette femme, il faut qu’on me dise que je suis un lâche, parce que, seul avec mon cœur, je l’aime quand même !… (Idem.)

Ici, pour la premère fois, le bon curé croit deviner : Jules Hébert s’est amouraché d’ane femme de mauvaise vie. Mais ce n’est pas possible, voyons !

SI J’EN CROYAIS TON LANGAGE, UN AMOUR COUPABLE AURAIT POUSSÉ DES RACINES DANS TON CŒUR ! Je le répète, je ne puis me résoudre à cela, je me révolte !… Rappelle-toi, mon fils, les jours déjà loin qui furent ceux d’hier, il semble… Tu n’as pas oublié cela, tu ne peux avoir commis une vilenie, donné ton âme à une créature indigne ! (P. 166.)

Ce n’est pas cela, explique enfin le jeune homme ; mais il ne peut se résoudre encore à confesser l’horrible chose. Il faut que le prêtre lui tire un à un les mots de la bouche.

Les parents de la jeune fille auraient-ils des répugnances ? Qui ne serait fier d’unir sa fille à la noble lignée des Hébert ?…

— Pas cela…

— Est-elle du peuple ?… Ton père a l’âme trop belle pour mépriser la fille d’un ouvrier, si tu l’as jugée digne de toi !

— Je le sais…

Le bon prêtre est de plus en plus perdu… Il ne sait plus que supposer. Enfin :