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De toute la traversée, la malheureuse enfant n’entendra point parler d’autre chose. Ce charmant jeune homme s’est juré de lui expliquer à fond la politique canadienne et il n’en démordra pas. L’auteur, d’ailleurs, presque à la même page, nous déclare le plus tranquillement du monde qu’il ne faut point suspecter là-dessus la simplicité d’âme de son héros : « Jules Hébert, dit-il en effet, — Jules Hébert NE POSAIT PAS (sic), avec la jeune fille… » {P. 12.) Jugez un peu, s’il avait posé !

Heureusement tout a une fin, même les traversées du Laurentie, et tout serait pour le mieux dans le meilleur des mondes, si la victime de tant de cruautés ne devait retrouver son persécuteur au Canada. Elle l’y retrouve, hélas ! et c’est en sa compagnie qu’elle visitera les principaux sites de la ville et de la campagne québecquoises. Il faut voir ce que cela lui coûte !

Jusque-là, au moins, notre bon jeune homme s’était contenté de lui parler politique : voici maintenant qu’il va la pousser de force, à toute occasion, dans la controverse religieuse. En vain la pauvre jeune fille, qui est une personne bien élevée, tente-t-elle de se dérober : son compagnon ne le lui permet pas. Qu’il la conduise à la Terrasse ou aux plaines d’Abraham, au Parlement ou aux chutes Montmorency, qu’il lui fasse contempler « les prés verts de Charlesbourg » ou la falaise abrupte de l’île d’Orléans,