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que, et un croyant logique et militant. Marguerite est

fille d’un sectaire, d’un libre-penseur fanatique, d’un sans-patrie, d’un disciple de Voltaire et d’Hervé (sic)…

Marguerite et Jules, au moment d’arriver à Québec, avant de se dire adieu, se promettent de se revoir. Jules se fait le cicerone attentif de la jeune française. Celle-ci aperçoit la beauté de Québec et des campagnes qui l’avoisinent à travers les yeux de Jules…

Mais il faudra se quitter. D’ailleurs, ni le père de Jules, ni celui de Marguerite, n’approuvent ces relations… Mais les deux jeunes gens regrettent de plus en plus douloureusement la nécessité de la séparation, à mesure qu’approche l’heure du départ de la famille Delorme. Marguerite, qui a beaucoup connu Jules et Jeanne sa sœur, qui les a accompagnés à Sainte-Anne de Beaupré, qui a été vivement impressionnée par le spectacle de nos édifiants pèlerinages, commence à douter de la vérité de son nihilisme religieux. Et la souffrance va achever la conversion de cette âme. La veille du départ pour l’Ouest, et par conséquent, de la séparation définitive… elle est prise d’une fièvre aiguë qui rouvre les blessures mal cicatrisées d’une ancienne maladie ; ses yeux s’éteignent peu à peu ; elle souffre des douleurs cuisantes, pendant qu’elle voit la lumière graduellement se retirer de sa vie. Ne sachant quelle protection invoquer pour échapper au malheur qui la menace, elle s’adresse au Dieu de Jules et de Jeanne. Celle-ci la conduit à Sainte-Anne, où un miracle la guérit. Marguerite est pour jamais gagnée à la foi catholique. Rien ne s’oppose donc plus à son mariage avec Jules. Son père, dont le fanatisme s’exalte à la pensée que sa fille croit en Dieu et adore, se séparera volontiers de cette enfant dont le commerce lui sera désormais pénible.

Et le roman finit donc, comme souhaitent la plupart des lecteurs, par un mariage dont chacun reste libre de fixer la date.

Jules Hébert est donc le héros de l’œuvre, le personnage favori de l’auteur. Aux yeux de M. Bernier, — comme de M. Roy évidemment, — il représente le jeune homme idéal.