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Avec quelle maîtrise et quel amour pieux
Ta main historait la lettre initiale !

Ô Maître enlumineur, la sainte liliale
Et la tarasque ailée ont ébloui mes yeux,
Mais j’aime plus encor l’oiseau mystérieux
Dont tu fis rutiler la traîne impériale :

Et de ma plume où tremble une goutte d’émail,
Comme en ce manuscrit clos d’un riche fermail
Où ton pinceau mêla la chimère à la guivre,

À la gloire du Paon, sphinx orgueilleux et pur,
Je veux entrelacer, aux pages de mon livre,
À la cursive d’or l’onciale d’azur.

(Pages 3 et 4.)          

Ne dirait-on pas un sonnet des Trophées ? Il y en a comme cela à perte de vue, tous ou presque tous aussi bien frappés, tous ou presque tous de première qualité.

Puisque tout naturellement le nom de Heredia est venu sous notre plume en transcrivant ce sonnet, ce serait ici peut-être le moment de se demander si l’influence des maîtres contemporains ne se fait pas sentir avec quelque excès dans ce recueil. C’est une question à laquelle il ne serait pas difficile de répondre. M. Paul Morin a évidemment beaucoup lu — pour ne citer que ceux-là — d’abord Heredia, puis Verlaine, Albert Samain, Arthur Rimbaud, M. Fernand Gregh, Madame de Noailles de laquelle il tient, pour le dire en passant, son admiration pour “l’oiseau divin ”, le Paon (d’où le titre de son livre), M. Edmond Rostand, M. de Montesquiou-Fezensac, M. Henri de Régnier,