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Chasse le souvenir des candides serments
-----------De celle que tu aimes,
Ton esprit n’y verra que sujets de romans
-----------Et matière à poèmes.

N’évoque pas non plus les beaux jours consacrés
-----------À l’ardente nature,
Ta mémoire, depuis, les a dénaturés
-----------Par la littérature.

Le rapide présent ou le bel avenir
-----------Ne charme ni ne touche,
Tel baiser donnera le cruel souvenir
-----------D’une plus chère bouche.

Il te faut ignorer tout sentiment nouveau,
-----------Toute tendresse douce,
Involontairement, le livresque cerveau
-----------Les chasse et les repousse…

Mais du laurier, surtout, fuis les amers rameaux.
-----------— Tour d’ivoire et d’argile, —
Il n’est de calme vrai que parmi les tombeaux,
-----------Farouche et sûr asile !

(Pages 126 et 127.)

Nous n’avons pas besoin d’insister sur l’intérêt que présentent de telles pièces, où se trahit, pour ainsi dire à chaque vers, l’un des plus riches tempéraments de poète et d’artiste qui se soient révélés depuis longtemps.

  Il y a encore dans ce livre sur le monde divin de l’Hellade, sur l’antiquité romaine, sur le Moyen-Age, de nombreux sonnets à la manière de Jose-Maria de Heredia, des Épigrammes d’un relief et d’une plastique presque incomparables…

Citerons-nous encore ?

Que ce fût le glaive ou la crosse abbatiale,
La licorne, la fleur, les monstres ou les dieux,