Page:Fournier - Mon encrier (recueil posthume d'études et d'articles choisis dont deux inédits), Tome II, 1922.djvu/123

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

licat, d’autres poètes peut-être les ont eus au même degré : nous ne croyons franchement pas qu’il s’en soit trouvé un seul, nous disons parmi les plus grands d’aujourd’hui, pour l’exprimer aussi bien. On dira si l’on veut que nous abusons des grands mots : pour nous cette petite pièce est un chef-d’œuvre.

Celle-ci sur Carcassonne, sans atteindre à la même profondeur d’impression, n’en est pas moins intéressante. Elle donnera, quoi qu’il en soit, quelque idée de la virtuosité de l’auteur :

Le soleil tombe, un clocher sonne.
Dans le brouillard gris et moiré
Qui monte d’un champ labouré :
----C’est Carcassonne !

Son pont-levis qui s’écussonne
Chancelle sur ses ais caducs.
Où sont les barons et les ducs
----De Carcassonne ?

Et sur ce pavé qui résonne
Sous les sabots d’ânes ruraux,
Où sont tes alezans ducaux,
----Ô Carcassonne ?

Et la cloche qui carillonne
Les victoires et les tournois ?
Qu’elle chantait bien, autrefois…
----À Carcassonne !

Mais maintenant il n’est personne
Aux ogives des clochetons,
Et ternis sont les hoquetons
----Dans Carcassonne…

Terni tout cet or qui blasonne
De soleil les caparaçons,
Ternis les clairs estramaçons
----De Carcassonne.