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NOTRE DÉPUTATION[1]


I


Je me sens un peu gêné au début de cet article. J’ai à vous parler des députés ministériels canadiens-français, et je vois que je ne pourrai le faire qu’avec une extrême dureté.

Si j’exprime un tel regret, vous entendez assez que ce n’est point par aversion soudaine pour le langage énergique ou les jugements sévères : aussi longtemps que je tiendrai une plume, je n’aurai certainement jamais de plus grande joie que de pouvoir frapper sans ménagement sur les coquins. Mais, justement, les députés ministériels canadiens-français ne rentrent pas dans cette espèce. Je les connais tous assez bien, et je puis leur rendre ce témoignage : sauf un très petit nombre, ils sont, je crois, d’honnêtes gens, remplis de bonnes intentions et incapables d’une canaillerie réfléchie. On me dirait même qu’ils ont gardé quelque reste de patriotisme, que je n’en marquerais nulle surprise…

D’où vient donc qu’ils jouent à Ottawa un si triste rôle ? D’où vient qu’ils font ici, en même

  1. Article paru, en quatre parties, dans le Devoir des 22, 23, 24 et 25 février 1910.