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FRANC-MAÇON

Il y a bien aujourd’hui sept ou huit ans que j’écris dans les gazettes. Pauvre métier, mais qui m’a permis de connaître d’assez près un nombre considérable d’hommes politiques, c’est-à-dire, tous les plus vils coquins de l’État — sans compter le collaborateur du Pays — ou en le comptant, comme vous voudrez… La fréquentation de cette espèce m’a amené graduellement à n’être plus sûr d’à peu près rien dans le domaine des faits, et à ne jamais m’étonner, quoi qu’il arrive et quoi que j’apprenne. — Pourtant, on a beau avoir acquis une forte dose de scepticisme, on ne laisse pas d’écarquiller encore les yeux, de temps en temps, devant certaines révélations…

Ainsi, à moins de supposer qu’on puisse être maçon sans le savoir — comme on est imbécile ou gâteux, — comment expliquer que je sois de la Loge sans m’en être jamais douté ?

Et pourquoi, du reste, le serais-je ?…

Oui, pourquoi serais-je maçon ?

A-t-on jamais entendu dire que je voulais à toute force me faire nommer juge ?

Est-ce que j’ambitionne un rond de cuir quelque part ?

L’espoir d’une place au Conseil municipal ou au Conseil législatif hante-t-il à ce point mes rêves ?

Suis-je intéressé dans des spéculations louches ?