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MON ENCRIER
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Ses discours, en Angleterre comme en France, ne diminuèrent pas la réputation d’orateur qu’il s’était faite, lors de son premier voyage en Europe, mais les fauteurs de l’impérialisme ne purent cacher leur désappointement. L’idée de faire arborer le drapeau de l’impérialisme par un Canadian-Francais n’était pas, il faut l’avouer, vulgaire.

(Laurier et son temps, p. 98.)

Chamberlain pardonna difficilement à Laurier de briser l’échafaudage de sa politique impérialiste.

Laurier revint au Canada, malade, gravement malade en apparence, mais plus estimé que jamais à cause de la position courageuse qu’il avait prise et gardée dans les circonstances les plus difficiles. On comprit alors au Canada qu’il n’avait pas payé trop cher le droit de parler et d’agir si fièrement, et on se demande ce qui serait arrivé si Chamberlain avait eu affaire à un homme dominé par l’amour des hommages et des honneurs.

(Laurier et son temps, p. 99.)

Dans tous ses discours, dans tous ses écrits comme dans ses conversations, il ne cesse de faire l’éloge de la constitution anglaise, des bienfaits qu’elle a procurés au monde, des libertés que nous lui devons. Il a plus d’une fois exprimé l’opinion que la reconnaissance et la loyauté nous faisaient un devoir de donner à l’Angleterre des preuves tangibles de sympathie, mais il s’est imposé une limite qu’il ne veut pas franchir. Il refuse d’aliéner la liberté et l’indépendance du Canada, de lancer dans les voies tortueuses de l’impérialisme, d’engager l’avenir. Il veut que ceux qui viendront après lui aient les mains libres, qu’ils n’aient pas le droit de dire que les engagements contractés les rendent impuissants, incapables de résoudre librement les grands problèmes que les destinées du Canada feront surgir.

(Laurier et son temps, p. 137)

En réalité, est-il sur la terre un pays plus heureux que le Canada, un pays où l’on trouve plus abondamment tous les éléments de progrès et de prospérité ?

Lorsqu’on voit tous les autres pays constamment exposés aux horreurs de la guerre et surchargés d’impôts pour soutenir des armées permanentes, on a bien le droit de faire cette question et de réfléchir avant de se jeter dans l’inconnu.

(Laurier et son temps, p. 139.)