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UNE HISTOIRE DU TON-KIN

temps-là mille obligations envers leurs voisins les Annamites et leurs voisins les Siamois. Partout, de grands travaux d’intérêt public étaient en souffrance, fautes de ressources. C’est à peine si ces malheureux avaient de quoi manger, leurs villes débordaient d’indigents et de crève-la-faim ; un prophète, enfin, de l’entourage du roi, leur avait prédit pour l’année suivante une grande disette.

Tous les Ton-Kinois, d’un bout à l’autre du royaume, n’avaient donc qu’une envie : c’était de répondre au roi de Chine qu’ils n’avaient pas trop pour eux-mêmes de leur riz et de leur thé, et que, s’il voulait des soldats, il eût à s’en planter.

Mais le czar ton-kinois ne l’entendait pas de cette oreille, et c’est ici que l’histoire devient véritablement incroyable pour des hommes civilisés.

Le Ton-Kin étant un pays barbare, on y lit naturellement beaucoup de journaux. Le Grand Mamamouchi vit les rédacteurs de ces journaux, les combla de dons et d’honneurs, et finalement leur donna sa bénédiction, après leur avoir démontré, dans la mesure qu’il le pouvait, la nécessité de se porter au secours du roi de Chine. Alors commença une campagne de presse qui fit grand bruit, à cette époque, dans toute l’Asie, et dont on parlait encore au temps de Con-