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ADIEUX À NOS VIEUX BUREAUX

J’ai voulu, une dernière fois, revoir ces murs où s’écoulèrent les quatre dernières années du Nationaliste ; j’ai voulu faire mes adieux à nos vieux bureaux.

En vérité, l’ameublement, ici, est plutôt modeste. Voici l’unique table de l’établissement. Depuis si longtemps qu’elle existe, nul n’a encore songé à lui faire donner la plus petite couche de vernis. Elle boite d’une patte et l’on dirait toujours qu’elle va s’écrouler. Une douzaine de bouts de planches, fixés au mur par des clous de six pouces, soutiennent un certain nombre de volumes, — pour la plupart des livres bleus, — et c’est la bibliothèque. Une espèce d’armoire rudimentaire, qui dut avoir quelque nouveauté sous le ministère Baldwin-Lafontaine, donne asile à la comptabilité. Enfin, je crois qu’il y a, dans toute la maison, quatre chaises dont deux au moins ne sont pas brisées.

J’oubliais un coffre-fort, acquis par Asselin dans je ne sais plus quel encan ; mais il n’est malheureusement pas aussi perfectionné que celui de M. Nault[1]. Il s’y trouve de tout excepté de l’argent.

Excepté de l’argent, Mesdames et Messieurs, ces bureaux ont tout vu. Tout, vous dis-je.

Toute sorte de choses et toute sorte de gens.

  1. Échevin Montréalais dans le coffre-fort de qui pénétra, à son insu — la chose fut établie par une enquête judiciaire, — une somme d’argent assez rondelette.