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ET VIVE L’INSTRUCTION PUBLIQUE ![1]


La rue Sainte-Catherine a vu circuler entre ses trottoirs, vendredi passé, des figures qu’on n’a pas tous les jours l’avantage d’y rencontrer.

De neuf heures du matin à cinq heures du soir, les malandrins des quais, les piliers d’estaminets de la rue Saint-Paul, les marlous de la rue des Commissaires, enfin tout le bon monde du Bord-de-l’Eau, avaient envahi le centre de la ville.

Installés dans les luxueuses automobiles de l’organisation ministérielle, la plupart vêtus de beaux sweaters blancs ou de ready-made immaculés, la figure réjouie et l’haleine empestant à vingt pas le bon scotch en bouteille, ils contemplaient d’un œil vaguement attendri les étalages des magasins, le défilé des piétons sur les trottoirs et la course des automobiles congénères.

Ils n’avaient jamais vu tant de pays. Au nord de la rue Saint-Paul, tout un monde nouveau s’était révélé à leurs regards surpris et émerveillés. Aussi, que leur joie faisait plaisir à voir ! De neuf heures du matin à cinq heures du

  1. Paru dans le Nationaliste le 14 novembre 1909, après la défaite de M. N.-K. Laflamme dans la circonscription Saint-Jacques, à Montréal.