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LETTRE OUVERTE

qui vous avez causé, et que vous avez décorés, ne reflètent à aucun degré les sentiments ni le caractère de leurs concitoyens de même origine. Quand vous les aurez vus, il ne vous faudrait pas croire que vous nous connaissez.

Dieu merci ! nous valons mieux que ces gens-là.

Ce n’est pas eux, la race.

La race, c’est l’ouvrier penché sur son outil, c’est l’industriel à son usine, c’est le marchand à son comptoir, c’est l’habitant courbé sur son sillon, c’est le colon ouvrant à la civilisation des terres neuves, tous faisant pousser de belles familles, tous gardant en réserve des trésors d’intelligence et d’énergie aujourd’hui perdus par le crime de nos gouvernants.

Eux, nous les connaissons aussi. Hommes de tous les partis, il y a quarante ans qu’ils nous trahissent et qu’ils nous vendent. Sans autre souci que le luxe ou la gloriole, ils n’ont jamais perdu une occasion de nous sacrifier au profit de leur intérêt personnel, en détruisant graduellement le résultat de deux siècles et demi de combats et d’efforts. Nos pères, les découvreurs et les premiers colons de ce pays, avaient conquis à notre race, dans toutes les provinces du Canada, des droits égaux à ceux de la population anglaise : eux les ont fait supprimer par des lois et l’on a vu au Parlement du Canada le spec-